La source des données sur le marché des moteurs pour vélos électriques
La valeur du marché mondial des moteurs de vélos électriques
Le marché des moteurs de vélos électriques est évalué à 3,96 milliards de dollars par an et devrait dépasser la valeur du marché de 8,27 milliards de dollars d’ici 2029, en enregistrant un taux de croissance annuel moyen de 16,16 %.
Ce marché jouit d’une croissance rapide, en raison de plusieurs facteurs tels que le transport écologique, la sensibilisation à la santé et l’importance croissante accordée au transport durable. L’augmentation des émissions de gaz et des bruits des véhicules entraîne un niveau élevé de pollution dans les grandes villes du monde entier. La demande d’énergie propre et de véhicules agiles augmente, ce qui stimule le marché des vélos électriques dans le monde entier. À moyen terme, outre la préférence croissante des clients pour les activités d’aventure et de loisirs, l’expansion des applications de vélos électriques dans divers secteurs, tels que les services de location et la logistique, devrait alimenter la demande de moteurs pour vélos électriques.
Source : https://www.mordorintelligence.com/industry-reports/e-bike-motor-market
Plus qu’un moteur, un système de propulsion
Le moteur d’un vélo électrique fait beaucoup plus que fournir la propulsion pour l’assistance au pédalage. En réalité, il est le vrai centre névralgique du vélo électrique. Il harmonise les débits de l’assistance à la cadence du pédalage, à la force déployée sur le pénal, à la pente du terrain, à l’engrenage de vitesse sélectionné de la cassette, et plus. Dans le cas du Bosch Performance CX de dernière génération (Gen5), il détecte même la force du coup de pied sur la pédale pour permettre un meilleur démarrage en cas d’arrêt sur une montée, ou pour franchir un obstacle difficile.
En fait il vaudrait mieux parler de système d’entraînement, car même les logiciels et les composant électroniques qui enregistrent le kilométrage et les données relatives à l’usage du VAE, ou alors qui règlent le fonctionnement de l’éclairage et des toutes autres commandes, sont dans le moteur. On peut tranquillement remplacer son display et unité de commande, toutes les données sont sauvegardées dans le moteur. Ceci est le centre d’un véritable écosystème électronique et mécanique. Même les organes de transmission du vélo, tels que les pignons, les cassettes, les chaînes et les plateaux doivent s’harmoniser avec le moteur, sous peine d’une incompatibilité qui va au moins en diminuer les prestations, sinon à les bloquer. Voilà pourquoi, afin de jauger la diffusion des différents types des vélos électriques sur les marchés, il vaut mieux se référer au moteur qu’à la marque du vélo. Cela malgré qu’il y ait en Europe et dans le monde une poignée de marques plus importantes que les autres, par exemple respectivement Cube et KTM pour l’Europe, Engwe et Samebike pour l’Asie, Trek et Radpower pour les USA. En effet, par exemple, il y a plus de différence entre un vélo urbain avec moteur Shimano et un autre avec moteur Bosch, qu’entre un vélo urbain KTM et un vélo urbain Cube avec le même moteur Bosch. D’autant plus que des équipements essentiels comme les amortisseurs, les selles, les éclairages, les freins, etc. peuvent souvent être les mêmes sur des vélos de marques différentes.
Le trio de tête des fabricants de moteurs de vélo électrique
Alors qu’il y a bon nombre de concurrents, quant à la diffusion sur le marché mondial, trois fabricants se détachent nettement du lot : Bosch, Shimano et Bafang. Les trois ont en commun un réseau de revendeurs très étoffé et distribué assez uniformément sur toute la planète, Bosch étant, entre autres, le premier équipementier automobile du monde. Shimano, cependant, en est le premier équipementier de vélos, en raison de ses dérailleurs, cassettes et freins. Bosch domine le marché allemand et européen avec 70 % et 50 % de parts respectivement, s’adjugeant la première place aussi au niveau mondial avec 25 %. Shimano parvient à conquérir 20 % du marché si bien en Europe qu’au niveau mondial, probablement grâce à sa domination mondiale sur le marché des dérailleurs et des freins. Bafang est la marque dominante en Asie, avec une large diffusion aussi dans les marchés au faible pouvoir d’achat, comme l’Europe de l’Est et l’Amérique du Sud. En fait, les moteurs dans le moyeu, dont le constructeur chinois est spécialiste, sont moins chers que les moteurs dans le pédalier. Voilà pourquoi Bafang n’arrive même pas à un pour cent du marché allemand, alors qu’il a un bon 15% en Europe, grâce surtout à la partie orientale et méridionale du continent. En vertu des économies d’échelle et du coût du travail plus avantageux en Chine qu’en Europe, Bafang semble l’unique concurrent en mesure de détrôner Bosch au niveau mondial. Bien sûr ce dernier à des usines aussi en Chine pour les équipements automobiles, mais sa production pour les vélos électriques est concentrée en Europe. Source: Laboratoire de test allemand velotech.de.
Malgré le taux de croissance élevé, c’est un marché difficile
À noter aussi la performance géographiquement homogène de l’allemand Brose, avec 6 % du marché en Allemagne, alors qu’il conquiert 7 % du marché si bien en Europe qu’au niveau mondial. Là encore, il s’agit d’un énorme équipementier automobile qui peut bien profiter de la logistique de son réseau de distribution, quoi que non des revendeurs.
Yamaha, qui fut le tout premier à produire un moteur de vélo électrique (et un VAE) en 1993, double sa mise au niveau mondial par rapport à l’Europe, avec 10 % et 5 % du marché respectivement. Il est évidemment beaucoup plus répandu en Asie, étant japonais. N’empêche: il vient de se retirer du juteux marché des vélos éléctriques et de leurs moteurs aux USA. Preuve ultérieure de la difficulté de produire des moteurs de vélos électrique dégageant un bénéfice suffisant. Mince !
Il sera intéressant de voir l’évolution des autres fabricants mineurs, comme le géant allemand ZF Micro Mobility (tiens, un autre équipementier automobile) et chinois DJI (leader mondial des drones), ou des petites entreprises comme l’italien Polini. Ces trois aussi ont des synergies évidentes, produisant déjà des moteurs électriques depuis quelques dizaines d’années.
Le fait que même des colosses comme Audi, BMW, Mercedes, Peugeot/Stellantis et Porsche sous-traitent la production des moteurs de leurs vélos électriques aux constructeurs susmentionnés, démontre que conquérir le marché des systèmes d’entraînement des vélos électriques est bien ardu. Le temps nous dira si on va vers une concentration des fabricants, à l’instar de ce qui se passe pour le marché de l’automobile et des camions, ou alors si le pluralisme des producteurs va demeurer et même s’amplifier. Le 23 % de parts de marché mondial des fabricants mineurs sembleraient étayer cette dernière prévision. Affaire à suivre.
Images : Kynamic Inc., www.velojournal.ch